Les enjeux principaux du Moulin de Carra sont l’éducation, le lien social et la préservation de la nature.

Depuis 2019 la collectivité s’est engagée dans une démarche de valorisation du patrimoine naturel appelée « Refuge LPO ». La LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) est une association de protection de la nature qui a pour but « d’agir pour la nature et l’homme, et de lutter contre le déclin de la biodiversité par la connaissance, la protection, l’éducation et la mobilisation ». Le label « Refuge LPO » est un agrément mettant en valeur des espaces qui préservent et développent la biodiversité tout en offrant à l’homme une qualité de vie.

L’attribution de l’agrément « Refuge LPO » oblige au respect d’une charte selon les principes suivants :

• mettre en place une gestion et des aménagements adaptés qui favorisent la pérennité et/ou l’installation de la biodiversité, ainsi que l’équilibre écologique global (gestion des espaces verts adaptée, diversification des milieux naturels, tranquillité des lieux, valorisation des espèces indigènes…)
• renoncer aux produits chimiques
• réduire l’impact sur l’environnement (tri des déchets, utilisation raisonnable des ressources…)
• faire du refuge un espace sans chasse.

L’engagement dans une telle démarche permet :

• d’entrer dans un réseau national qui contribue à la restauration des continuités écologiques et de la biodiversité : ce ne sont pas moins de 29 860 refuges LPO en France pour 40 000 ha préservés
• de devenir acteur de la trame verte et bleue
• de valoriser les espaces urbains, péri-urbains et le patrimoine local
• de sensibiliser et éduquer les citoyens à la biodiversité pour comprendre l’intérêt de son respect
• de valoriser la collectivité par une démarche engagée qui prend soin de la nature, de ses hôtes, hommes y compris, et donc favorise la vie en général.

Télécharger le rapport diagnostic – Refuge LPO – Moulin de Carra

La prairie fleurie

Le site possède une zone appelée « prairie fleurie ». L’intérêt de cet espace est multiple : voici quelques explications pour mieux comprendre et apprécier cet espace.

Tout d’abord la prairie fleurie est une zone laissée en libre évolution dans laquelle s’installent des fleurs et plantes sauvages. Elle est autonome. La prairie fleurie offre une diversité de formes et de couleurs, on y trouve des fleurs, des graminées, des annuelles, des vivaces, grandes ou petites, et les floraisons s’étalent naturellement dans le temps. Par sa grande variété de plantes et la richesse de son sol, cet espace est un endroit idéal pour la biodiversité : il offre le gîte et le couvert à de nombreuses espèces. On y trouve des insectes inféodés à ce milieu : papillons, sauterelles, pollinisateurs en tous genres et autres drôles de bestioles. Et la vie sous terre y est très riche : vers de terre, mammifères et décomposeurs peuvent s’y développer tranquillement. La présence de l’ensemble de ces espèces offre aux oiseaux un garde-manger évident. Ces mêmes oiseaux et leurs œufs permettent l’installation de plus gros mammifères, et tous ces insectes qui vont pondre dans la mare deviennent une proie rêvée pour les amphibiens dissimulés. La décomposition naturelle des végétaux crée de l’humus qui rend cette terre riche et favorise la vie de tout cet équilibre…

Au Moulin de Carra, la prairie fleurie est gérée en fauche tardive. C’est-à-dire qu’une seule fauche s’effectue dans l’année : au début de l’été. Cette gestion favorise la biodiversité en permettant aux premières plantes d’avoir réalisé leur cycle de graines pour laisser la place aux suivantes, ainsi qu’aux animaux de s’être reproduits et d’avoir pondu leurs œufs. En dehors de cette unique tonte, la prairie évolue librement et ses cycles s’effectuent naturellement.

Le jardin partagé

Le jardin partagé dans l’esprit de la permaculture est cultivé sans produits chimiques, ce qui favorise aussi l’installation des espèces et la qualité du sol. Il est important de noter que les insectes habitants la prairie fleurie jouent un rôle essentiel dans le potager puisqu’ils viennent polliniser l’ensemble des légumes, les cultures en place et la zone d’aromatiques qui sont un véritable réservoir à nectar pour les insectes ! Il est également important de noter que les oiseaux présents grâce à la prairie fleurie et aux micromammifères jouent eux aussi un rôle clé au potager : ils viennent se nourrir des campagnols qui mangent les légumes…

Les aménagements pour la faune

Un abri à hérisson a été créé au fond du potager. En général, cet animal est apprécié de tous, mais il faut savoir qu’il jour un rôle clé lui aussi. Grand amateur de limaces et d’escargots, il sera votre meilleur allié si vous n’utilisez pas de produits chimiques ! Attention toutefois : il est interdit de ramasser un hérisson, c’est une espèce protégée et vous pourriez de l’enlever à sa famille au risque de la faire mourir. Il faut donc lui aménager un petit espace et attendre patiemment sa venue ou prendre contact avec des associations qui les recueillent suite à des accidents.

De nombreux gîtes à insectes ont été placés sur le site pour recréer des habitats qui malheureusement se font de plus en plus rares pour eux. Il faut savoir que les tontes régulières des pelouses et des bords de route, la monoculture, les murets faits avec du mortier, la disparition des vieilles maisons pleines d’anfractuosités… ont pour conséquence le manque d’habitats pour de très nombreuses espèces. Les gîtes mis en place viennent combler un peu les besoins de certaines espèces, souvent les espèces solitaires comme les coccinelles, les abeilles sauvages…

Autour du moulin on peut apercevoir des haies arborées qui sont un milieu idéal pour les oiseaux qui y nichent et s’y nourrissent des nombreuses baies présentes. Elles servent aussi de « corridors écologiques » permettant aux animaux de se déplacer discrètement. Et la floraison des arbres est autant de nourriture pour les insectes toujours en quête de nectar pour vivre.

La mare est un endroit précieux qui se raréfie du fait de l’évolution des techniques agricoles, de l’augmentation de la température et de l’entretien qu’elle demande pour éviter la fermeture de ce milieu (naturellement avec le temps, les espèces aquatiques disparaissent sous la venue des essences ligneuses et la mare devient forêt). Elle est un lieu de ponte et de nourriture aux amphibiens, libellules, demoiselles et autres insectes aquatiques, ainsi qu’un lieu de vie pour les plantes aquatiques et même certains crustacés, mais aussi un lieu de chasse pour certains reptiles. C’est enfin un abreuvoir pour tous les animaux qui ont besoin !

Des ruches ont été installées sur le site afin de d’offrir un lieu de vie aux abeilles et qu’elles puissent polliniser les végétaux alentours.

Les composteurs partagés

Les composteurs sont très utiles à la biodiversité puisqu’ils sont habités par de nombreuses espèces qui œuvrent à la décomposition de la matière. Souvent invisibles et plutôt répugnantes, ces espèces sont pourtant la clé de la fabrication du sol : ce sont elles qui mangent et transforment les débris organiques et en font de la terre riche. Au Moulin de Carra, les composteurs partagés mis à disposition des habitant.e.s s’incluent dans un cercle vertueux puisque la matière une fois transformée part nourrir les zones de culture du potager.

Le bois mort

Le bois mort est essentiel à la vie et pourtant si peu connu et conservé. De nombreuses espèces xylophages (mangeuses de bois) et d’oiseaux insectivores y sont inféodés. On y trouve aussi une quantité incalculable de mousses, lichens et champignons. Ces espèces viennent elles aussi abonder la biodiversité et l’équilibre du site en étant à la fois prédatrices et proies. Le bois mort dont la décomposition crée l’humus, et donc le sol riche qui permet la vie de toute la flore et la faune, et la nôtre aussi. Le bois mort, c’est la vie !

La spirale d’aromatiques

Les aromatiques et leurs innombrables fleurs, quelle aubaine ! Nul besoin de rappeler l’utilité des fleurs, toutefois la spirale a aussi d’autres avantages. Du fait de sa forme, de son exposition et la différence de ses hauteurs de terre, elle offre une diversité de micro-milieux, allant du sol aride au sol humide, qui intéressent différentes espèces. Sa structure en pierres non jointées, type muret de pierres sèches, est un abri idéal pour de petits reptiles comme les lézards, ainsi que des plantes de murets.

Tous les milieux (la mare, la prairie, la forêt, le potager, le bois mort…) et les aménagements (les gîtes, les composteurs…) ont une vocation pédagogique. Ce sont eux qui amènent la biodiversité qui va être observée, étudiée, contemplée, comprise, reproduite… Chaque milieu, chaque aménagement, chaque construction devient un support éducatif à part entière. On peut ainsi faire des liens entre les choses, tendre vers une vision systémique de la nature et se rapprocher d’une compréhension plus sensible et d’un sentiment d’appartenance à ce tout.

Du fait de sa richesse, le lieu est utilisé fréquemment lors des animations et des évènements.

La volonté pour ce lieu est de mettre des modules pédagogiques à disposition de tous.tes et tout le temps : des éléments didactiques, accessibles sans animateur.trice, avec de la lecture, des jeux, des expériences à vivre, allant du sensoriel, au ludique, au cognitif… à n’importe quelle heure, n’importe quel jour :

• un parcours ludique et sensoriel, qui se fait pieds nus, pourquoi pas les yeux fermés (tenu par quelqu’un c’est mieux), à la découverte de la diversité des matières, du toucher, du ressenti sur la peau,
• des boîtes à toucher, elles aussi pour utiliser les sens et découvrir autrement ce qui nous entoure : tenter de découvrir ce qui est caché en plongeant sa main vers l’inconnu et en comptant seulement sur le contact avec l’objet,
• un meuble en palettes, véritable espace d’exposition temporaire pour découvrir toute l’année des thématiques et des sujets bien au chauds dans les tiroirs et en libre accès (si un sujet vous intéresse ou que vous avez des choses à nous partager, n’hésitez pas à nous le faire savoir),
• une exposition de gîtes et de mangeoires pour découvrir ce qu’il est possible de créer et d’installer chez soi…