Marianne Cohn est l’aînée d’un couple d’intellectuels allemands d’ascendance juive, mais détachés de la religion israélite et peu liés à la communauté juive d’Allemagne.
La famille Cohn quitte l’Allemagne, les parents de Marianne Cohn sont internés au camp de Gurs, car citoyens allemands. Elle et sa sœur sont prises en charge par les Éclaireurs israélites de France, et découvrent à cette occasion la pratique culturelle du judaïsme. Elle se réfugie en France en 1938.
En 1942, Marianne s’occupe d’enfants juifs de France menacés de déportation.
Incarcérée à Nice en 1943, elle est relâchée trois mois plus tard. C’est pendant cette première détention qu’elle aurait rédigé son célèbre poème « Je trahirai demain ».
D’abord simple assistante chargée de surveiller les enfants avant leur départ pour la Suisse, Marianne Cohn intègre avec Rolande Birgy l’équipe des convoyeurs en janvier 1944, à la suite de Mila Racine arrêtée le 21 octobre 1943.
Chaque semaine, deux ou trois groupes, comptant chacun jusqu’à une vingtaine d’enfants issus de toute la zone sud, franchissent clandestinement la frontière, après être passés par Lyon et Annecy.
Marianne Cohn est arrêtée le 31 mai 1944, près d’Annemasse, à seulement 200 mètres de la frontière suisse avec un groupe de vingt-huit enfants, et incarcérée à l’hôtel Pax, devenu une prison de la Gestapo.
Dans la nuit du 7 au 8 juillet 1944, la Gestapo de Lyon envoie une équipe à Annemasse, pour sortir de leur geôle six prisonniers, dont Marianne Cohn, et les assassiner.
Le maire d’Annemasse réussit, en revanche, à sauver les enfants.
L’école primaire et l’école maternelle du centre-ville d’Annemasse portent son nom, de même qu’une école de Berlin ainsi qu’une rue de Ville-la-Grand non loin de son lieu d’exécution.
« Je trahirai demain pas aujourd’hui.
Aujourd’hui, arrachez-moi les ongles,
Je ne trahirai pas.
Vous ne savez pas le bout de mon courage.
Moi je sais.
Vous êtes cinq mains dures avec des bagues.
Vous avez aux pieds des chaussures
Avec des clous.
Je trahirai demain, pas aujourd’hui,
Demain.
Il me faut la nuit pour me résoudre,
Il ne faut pas moins d’une nuit
Pour renier, pour abjurer, pour trahir.
Pour renier mes amis,
Pour abjurer le pain et le vin,
Pour trahir la vie,
Pour mourir.
Je trahirai demain, pas aujourd’hui.
La lime est sous le carreau,
La lime n’est pas pour le barreau,
La lime n’est pas pour le bourreau,
La lime est pour mon poignet.
Aujourd’hui je n’ai rien à dire,
Je trahirai demain. »
Marianne Cohn, « Je trahirai demain », 1943.