Site municipal de Ville-la-Grand inauguré en 2017, le Moulin de Carra est un lieu de valorisation des patrimoines culturels et naturels, d’éducation à l’environnement et au développement durable et de partage citoyens. Les enjeux principaux du Moulin de Carra sont l’éducation, le lien social et la préservation de la nature.
Le site du Moulin de Carra est composé de différents espaces pédagogiques et administratifs. La partie où se trouve la meule et le mécanisme de la roue est l’espace culturel ou « musée » du Moulin, avec une salle d’expositions temporaires et un lieu d’évocation de l’histoire du site.
Le Moulin de Carra est attesté pour la première fois en 1637. Il compte, au milieu du XIXe siècle, parmi les 15 moulins du Foron et les 200 du bassin genevois.
Vers 1840, Ville-la-Grand compte 4 moulins à Crêt, Carra, les Creux et Cornières. Celui de Carra est équipé de 3 roues en bois, actionnées par un bief (canal alimenté par le Foron), pour moudre des céréales et extraire l’huile de noix. A la fin du XIXe siècle, une seule roue métallique de grand diamètre remplace les anciennes roues, puis le moulin abandonne la mouture de céréales pour devenir une huilerie à part entière. Elle est exploitée de façon saisonnière jusque dans les années 1940. Le bâtiment subit les ravages du temps et de plusieurs incendies, et reste à l’abandon jusqu’à son rachat par la commune.
A l’initiative de la commune, la réhabilitation du Moulin de Carra est engagée en 2010-2011. Les travaux débutent en 2012 dans le respect de l’esprit initial du bâtiment, avec des matériaux locaux et de qualité. La toiture est refaite dans le respect des pratiques locales. Le bâtiment est isolé par l’intérieur ainsi que par le toit avec du chanvre. Il est équipé d’une pompe à chaleur et de panneaux photovoltaïques. La réalisation de la roue et la reconstruction du mécanisme de la meule sont confiés à un spécialiste de la restauration des moulins.
Le bâtiment et son parc constituent depuis un lieu de vie au service des habitants.
Dans cet écrin de verdure en lisière avec l’agglomération d’Annemasse et en frontière avec Genève, tous les publics sont invités à visiter ce lieu de respiration. Le Moulin de Carra est un espace de préservation de la biodiversité. La gestion du site est faite de façon à y favoriser la vie avec des espaces pédagogiques pour la contempler et la comprendre.
Tous les milieux (la mare, la prairie, la forêt, le potager, le bois mort…) et les aménagements (les gîtes, les composteurs…) sont des supports éducatifs à part entière. Ce sont eux qui amènent la biodiversité qui va être observée, contemplée, comprise…
La prairie fleurie
Le site possède une zone appelée « prairie fleurie » c’est une zone laissée en libre évolution dans laquelle s’installent des fleurs et plantes sauvages. Elle est autonome. La prairie fleurie offre une diversité de formes et de couleurs, on y trouve des fleurs, des graminées, des annuelles, des vivaces, grandes ou petites, et les floraisons s’étalent naturellement dans le temps. Par sa grande variété de plantes et la richesse de son sol, cet espace est un endroit idéal pour la biodiversité : il offre le gîte et le couvert à de nombreuses espèces.
On y trouve des insectes inféodés à ce milieu : papillons, sauterelles, pollinisateurs en tous genres et autres drôles de bestioles. Et la vie sous terre y est très riche : vers de terre, mammifères et décomposeurs peuvent s’y développer tranquillement. La présence de l’ensemble de ces espèces offre aux oiseaux un garde-manger évident. Ces mêmes oiseaux et leurs œufs permettent l’installation de plus gros mammifères, et tous ces insectes qui vont pondre dans la mare deviennent une proie rêvée pour les amphibiens dissimulés. La décomposition naturelle des végétaux crée de l’humus qui rend cette terre riche et favorise la vie de tout cet équilibre…
Au Moulin de Carra, la prairie fleurie est gérée en fauche tardive. C’est-à-dire qu’une seule fauche s’effectue dans l’année : au début de l’été. Cette gestion favorise la biodiversité en permettant aux premières plantes d’avoir réalisé leur cycle de graines pour laisser la place aux suivantes, ainsi qu’aux animaux de s’être reproduits et d’avoir pondu leurs œufs. En dehors de cette unique tonte, la prairie évolue librement et ses cycles s’effectuent naturellement.
Les aménagements pour la faune
- Un abri à hérisson a été créé au fond du potager. Grand amateur de limaces et d’escargots, il sera votre meilleur allié si vous n’utilisez pas de produits chimiques ! Attention toutefois : il est interdit de ramasser un hérisson, c’est une espèce protégée et vous risqueriez de l’enlever à sa famille.
- De nombreux gîtes à insectes ont été placés sur le site pour combler un peu les besoins de certaines espèces, souvent les espèces solitaires comme les coccinelles, les abeilles sauvages…
- Autour du moulin on peut apercevoir des haies arborées qui sont un milieu idéal pour les oiseaux qui y nichent et s’y nourrissent des nombreuses baies présentes. Elles servent aussi de « corridors écologiques » permettant aux animaux de se déplacer discrètement.
- La mare est un endroit précieux qui se raréfie du fait de l’évolution des techniques agricoles, de l’augmentation de la température et de l’entretien qu’elle demande (naturellement avec le temps, les espèces aquatiques disparaissent sous la venue des essences ligneuses et la mare devient forêt). Elle est un lieu de ponte et de nourriture aux amphibiens, libellules, demoiselles et autres insectes aquatiques, ainsi qu’un lieu de vie pour les plantes aquatiques. C’est aussi un abreuvoir pour tous les animaux qui ont besoin !
- Des ruches ont été installées sur le site afin d’offrir un lieu de vie aux abeilles et qu’elles puissent polliniser les végétaux alentours.
Le bois mort
Le bois mort est essentiel à la vie et pourtant si peu connu et conservé. De nombreuses espèces xylophages (mangeuses de bois) et d’oiseaux insectivores y sont inféodés. On y trouve aussi une quantité incalculable de mousses, lichens et champignons. Ces espèces viennent elles aussi abonder la biodiversité et l’équilibre du site en étant à la fois prédatrices et proies. Le bois mort, c’est la vie !
La spirale d’aromatiques
Les aromatiques et leurs innombrables fleurs, quelle aubaine ! Nul besoin de rappeler l’utilité des fleurs, toutefois la spirale a aussi d’autres avantages. Du fait de sa forme, de son exposition et la différence de ses hauteurs de terre, elle offre une diversité de micro-milieux, allant du sol aride au sol humide, qui intéressent différentes espèces. Sa structure en pierres est un abri idéal pour les lézards, ainsi que des plantes de murets.

Depuis 2019 la collectivité s’est engagée dans une démarche de valorisation du patrimoine naturel : le label « Refuge LPO ». La LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) est une association de protection de la nature qui a pour but d’agir pour la nature et l’homme, et de lutter contre le déclin de la biodiversité par la connaissance, la protection, l’éducation et la mobilisation.
L’attribution de l’agrément oblige au respect d’une charte selon les principes suivants :
- mettre en place une gestion et des aménagements adaptés qui favorisent la pérennité et/ou l’installation de la biodiversité, ainsi que l’équilibre écologique global (gestion des espaces verts adaptée, diversification des milieux naturels, tranquillité des lieux, valorisation des espèces indigènes…)
- renoncer aux produits chimiques
- réduire l’impact sur l’environnement (tri des déchets, utilisation raisonnable des ressources…)
- faire du refuge un espace sans chasse.














